Air France contourne l’Algérie, un changement de trajectoire qui n’est ni anodin ni temporaire. Depuis plusieurs mois, la compagnie française modifie ses plans de vol vers l’Afrique subsaharienne pour éviter l’espace aérien algérien. En cause : une série de tensions diplomatiques et sécuritaires entre l’Algérie, le Mali, et d’autres États du Sahel, qui impactent directement la navigation civile. À cela s’ajoutent d’autres blocages géopolitiques affectant le transport aérien dans la région.
Pourquoi Air France contourne désormais l’Algérie ?
Depuis avril 2025, Air France a cessé de survoler l’Algérie pour ses vols à destination de l’Afrique de l’Ouest et centrale. Ce contournement résulte d’une fermeture croisée des espaces aériens entre l’Algérie et le Mali, consécutive à un incident militaire.
L’Algérie accuse le Mali d’avoir violé son territoire à l’aide d’un drone. En réaction, Alger a fermé son ciel aux avions maliens. Bamako a immédiatement riposté en interdisant l’accès à son propre espace aérien à tout appareil venant d’Algérie. Résultat : un couloir aérien majeur est devenu impraticable, forçant Air France à revoir son tracé.
Nouvelles routes : le contournement via le Maroc et la Mauritanie
Air France contourne l’Algérie en empruntant désormais un itinéraire passant par le Maroc, les Canaries et la Mauritanie. Ce détour évite complètement le Sahel central (Mali, Niger, Burkina Faso), zones instables tant politiquement que militairement.
Conséquences concrètes :
Temps de vol allongé de 30 à 60 minutes selon la destination ;
Consommation de carburant en hausse, avec un impact potentiel sur le prix des billets ;
Perturbation logistique pour les compagnies aériennes opérant sur l’Afrique de l’Ouest.
Air France et l’Afrique : d’autres cas de contournement
Le cas algérien n’est pas isolé. D’autres pays africains ont aussi posé problème à Air France ces dernières années :
- Niger, Mali, Burkina Faso : les blocages du Sahel
En 2023, à la suite des coups d’État militaires au Niger, au Mali et au Burkina Faso, plusieurs restrictions aériennes ont été imposées aux vols français. Le Niger a interdit son ciel aux avions français, y compris ceux d’Air France, ce qui a généré des détours de plus de 2 heures pour certains vols vers l’Afrique australe.
- Soudan et Mer Rouge : précaution sécuritaire
Air France a aussi temporairement évité le Soudan et la Mer Rouge, après des incidents de sécurité aérienne. Les conflits internes soudanais, couplés aux tensions dans la région, ont poussé les compagnies à redéfinir leurs plans de vol, même sans fermeture officielle.
- Libye, Sud-Soudan, Centrafrique : zones évitées
Sans interdiction formelle, Air France évite systématiquement des pays jugés à haut risque, comme la Libye ou le Sud-Soudan, par mesure de précaution.
Algérie : ce qui change, ce qui ne change pas
Il est important de préciser que les vols directs entre la France et l’Algérie ne sont pas concernés. Les liaisons classiques Paris–Alger, Oran, Constantine fonctionnent normalement. C’est l’Afrique subsaharienne qui est affectée, car les vols ne peuvent plus transiter par l’Algérie ni par le Mali.
Une guerre des airs à caractère politique
Le ciel africain devient un terrain diplomatique stratégique. Chaque fermeture ou contournement reflète des rapports de force :
Pression française sur les régimes militaires du Sahel ;
Réorientation des alliances africaines vers des puissances comme la Russie ;
Tensions historiques entre la France et l’Algérie, ravivées par ces nouvelles crises.
Air France contourne l’Algérie pour protéger ses opérations et garantir la continuité de ses vols vers l’Afrique. Mais ce choix n’est pas neutre : il allonge les trajets, augmente les coûts, et révèle combien l’aviation civile dépend des équilibres géopolitiques.
Dans un contexte de montée des instabilités régionales, le ciel africain devient plus que jamais un enjeu stratégique. La gestion de ces trajectoires, bien que discrète, reflète les nouvelles lignes de fracture entre puissances, partenaires et rivaux.