Niger : rupture avec la Francophonie pour reprendre son récit

créé par sandrine Nguefack
Niger

Le Niger a officialisé en mars 2025 son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Ce choix marque une nouvelle étape dans le processus enclenché depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Plus qu’un geste diplomatique, cette décision illustre la volonté de forger une identité nationale indépendante, fondée sur des repères culturels et linguistiques propres.

Un héritage colonial désormais contesté

Depuis son indépendance en 1960, le Niger a conservé le français comme langue officielle. Il reste cependant une langue secondaire pour la majorité des Nigériens. Appris à l’école, il coexiste avec des langues nationales largement dominantes dans la vie quotidienne : haoussa, zarma, tamasheq, fulfulde, kanouri, gourmantchéma.

Ce contraste a entretenu un fossé entre l’État et le peuple. Progressivement, ce décalage a nourri un sentiment d’aliénation culturelle. Désormais, les autorités veulent réduire cette distance en mettant en avant les langues locales.

Niger : une rupture entamée dès 2023

Après l’arrivée du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir en 2023, le Niger a multiplié les gestes de rupture. Plusieurs lieux symboliques ont changé de nom. L’avenue Charles de Gaulle est ainsi devenue l’avenue Djibo Bakary. Ce changement vise à rendre hommage aux figures nationales.

Autre exemple fort : le monument aux morts, autrefois dédié aux soldats tombés sous les drapeaux français, s’appelle désormais “Bubandey Batama”. En langue djerma, cela signifie “À nos morts”. Cette initiative reflète un besoin profond de recentrer la mémoire collective sur les Nigériens.

Niger : un retrait stratégique de la Francophonie

Quitter la Francophonie ne se résume pas à une question de langue. Pour le Niger, cette sortie signifie d’abord une volonté de rompre avec l’influence d’institutions occidentales. Elle est également présentée comme un acte de souveraineté culturelle.

Les autorités souhaitent valoriser les langues nationales dans les administrations, les écoles et les médias. Cette démarche vise à redonner à la population les moyens d’exprimer son identité à travers ses propres codes linguistiques.

Entre adhésion populaire et inquiétudes

Cette décision divise l’opinion publique nigérienne. À Niamey, Zinder ou Agadez, certains y voient un acte fort et attendu. D’autres craignent cependant des conséquences négatives sur le plan éducatif ou économique.

Il est vrai que le français reste un outil de communication dans un monde globalisé. Il facilite l’accès à l’éducation, au savoir et à certaines opportunités internationales. Toutefois, de nombreux Nigériens estiment que l’émancipation culturelle prime sur ces considérations.

Affirmer son récit et son avenir

Le retrait de la Francophonie s’inscrit dans une volonté de reprendre le contrôle du récit national. Le Niger veut se raconter à travers sa propre histoire, ses propres langues, et ses propres héros.

Ce choix soulève une question centrale : chaque peuple a-t-il le droit d’écrire son avenir dans ses propres mots ? En décidant de quitter l’OIF, le Niger tente d’y répondre, en affirmant une vision plus autonome, plus ancrée dans ses réalités.

Par: Dali Oumarou Haoua

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