Le 6 avril 1994 marque le début d’une des pages les plus sombres du Rwanda. L’attentat contre l’avion présidentiel de Juvénal Habyarimana a déclenché un génocide qui coûtera environ 800 000 vies en trois mois. Cette tragédie, visant principalement les Tutsis et certains Hutus modérés, reste un rappel poignant des dangers de la haine ethnique.
Contexte historique : Racines profondes
Les tensions ethniques au Rwanda remontent aux politiques coloniales belges (1916-1962). Les Belges favorisaient les Tutsis, leur offrant un meilleur accès à l’éducation et aux postes de pouvoir. Ce choix a créé un ressentiment durable chez les Hutus, marginalisés par le système. Par conséquent, lorsque le Rwanda gagna son indépendance en 1962, le pouvoir passa aux Hutus, entraînant une série de violences répétées contre les Tutsis. Ces divisions s’intensifièrent dans les années 1990.
En octobre 1990, le Front Patriotique Rwandais (FPR), dirigé par des Tutsis exilés, lance une invasion depuis l’Ouganda. Cette guerre civile renforce les antagonismes ethniques. Toutefois, en août 1993, les Accords d’Arusha furent signés pour partager le pouvoir entre Hutus et Tutsis. Malheureusement, certains hutus extrémistes rejetèrent cet accord.
Début du chaos
L’assassinat de Habyarimana fut le point de départ du massacre. Son avion abattu près de Kigali servit de prétexte aux milices hutues, comme les Interahamwe, pour attaquer les Tutsis. Ensuite, des barrages sont apparus partout au Rwanda. La radio RTLM diffuse des messages incitant à la violence, appelant à « nettoyer » les Tutsis.

Des crânes ornent les étagères de l’église de Ntarama, où des Rwandais ont été massacrés, souvent à coups de machette. Certains crânes portent les traces des violences qui ont eu lieu ici.
En seulement 100 jours, environ 800 000 personnes , soit 70 % des Tutsis, furent tués. Beaucoup périrent dans des lieux censés être sûrs, comme les églises ou les écoles. De plus, les femmes subissent des violations systématiques, contaminant des milliers de personnes avec le VIH/SIDA. Des familles entières disparurent.
Pendant ce temps, la communauté internationale reste passive. Bien que le commandant Roméo Dallaire ait alerté sur les risques, les Nations Unies n’intervinrent pas assez vite. De plus, les grandes puissances, comme les États-Unis et la France, refusèrent longtemps d’appeler ces événements « génocide ».
Après la tempête
En juillet 1994, le FPR reprend le contrôle du pays, stoppant ainsi le génocide. Cependant, les conséquences durèrent longtemps. Plus de deux millions de réfugiés fuyant vers les pays voisins, provoquant de graves crises humanitaires. Afin de répondre à cette tragédie, le gouvernement rwandais mit en place des tribunaux traditionnels appelés Gacaca , visant à juger les coupables tout en promouvant la réconciliation.
Aujourd’hui, sous la présidence de Paul Kagame, le Rwanda est souvent cité comme un exemple de résilience. Le pays a fait des progrès notables dans plusieurs domaines, notamment économiques et sociaux. Toutefois, des critiques subsistent concernant les libertés politiques.
Une leçon pour tous
Le génocide rwandais nous rappelle combien il est crucial de combattre la haine et de promouvoir la paix. Il met également en lumière l’importance d’une intervention rapide face aux conflits. Nous devons apprendre de ce drame pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent ailleurs.
Photographies de Cheney Orr