Les pays du Sahel prennent actuellement des décisions stratégiques concernant leur coopération militaire avec la France. Ces choix interviennent dans un contexte de plus en plus marqué par une volonté d’affirmer la souveraineté nationale et de réorganiser les priorités sécuritaires. Le Tchad, l’un des pays les plus influents de la région, a récemment annoncé qu’il mettrait fin à l’accord de défense signé avec la France en 2019. Cette décision reflète un tournant dans les relations entre les deux nations et s’inscrit dans une tendance générale au Sahel.
Le Tchad met fin à l’accord de défense avec la France
Le 28 novembre 2024, le gouvernement tchadien a officiellement annoncé la fin de l’accord de coopération en matière de défense avec la France, signé en septembre 2019. Le Tchad explique cette décision par un besoin d’adaptation aux réalités sécuritaires du pays et par la volonté de renforcer sa souveraineté. Le communiqué du gouvernement souligne que cette rupture s’inscrit dans une réflexion approfondie et marquée par une volonté de transition vers des partenariats plus autonomes et respectueux des priorités nationales. Cependant, cette décision ne remet pas en question les relations historiques et les liens d’amitié qui existent entre les deux nations. Le Tchad précise qu’il souhaite continuer de collaborer avec la France dans des domaines autres que la défense, en particulier dans les secteurs économiques et diplomatiques.
Le Sénégal demande le retrait des troupes françaises
Le Sénégal, de son côté, adopte une position similaire. Le président Bassirou Diomaye Faye a récemment exprimé sa volonté de voir partir les 350 militaires français stationnés sur le sol sénégalais. Selon lui, la présence de ces troupes ne correspond plus aux attentes du pays en matière de souveraineté. Il a insisté sur le fait que d’autres nations coopèrent efficacement avec la France sans avoir de bases militaires sur leur territoire. Néanmoins, il a rassuré sur le fait que cette demande n’affectait en rien la qualité des relations diplomatiques entre le Sénégal et la France. Le président sénégalais a réaffirmé que son pays restait attaché à un partenariat constructif avec la France dans d’autres domaines d’intérêt commun, notamment dans les secteurs économiques et sociaux.
Une tendance régionale
Les décisions du Tchad et du Sénégal s’inscrivent dans une tendance plus large observée dans plusieurs pays du Sahel. Face aux défis sécuritaires croissants dans la région, ces nations cherchent à affirmer leur autonomie. Elles réévaluent leur coopération militaire avec la France, estimant qu’il est désormais temps de renforcer leurs propres capacités de défense et de sécurité. Ces pays aspirent à des partenariats plus équilibrés, qui respectent leur souveraineté tout en répondant aux besoins sécuritaires locaux.
Vers de nouveaux partenariats internationaux
Bien que la coopération militaire avec la France soit remise en question, les pays du Sahel ne cherchent pas à rompre les liens diplomatiques avec l’ancienne puissance coloniale. Au contraire, ils souhaitent réorienter leurs relations pour qu’elles soient plus diversifiées et moins centrées sur une coopération militaire. Ces nations cherchent désormais à explorer de nouvelles formes de partenariat avec d’autres acteurs internationaux. Ces changements stratégiques s’inscrivent dans une volonté d’accroître l’indépendance et de mieux maîtriser les enjeux sécuritaires qui affectent la région.
En conclusion, les pays du Sahel, tout en maintenant un dialogue constructif avec la France, cherchent à redéfinir leur coopération internationale. Les décisions prises par le Tchad et le Sénégal montrent une volonté de prendre le contrôle de leurs priorités sécuritaires, tout en renforçant des partenariats plus équilibrés et respectueux de leur souveraineté. Ces ajustements stratégiques témoignent d’une dynamique régionale forte qui pourrait marquer l’avenir des relations entre ces pays et leurs partenaires internationaux.