La mobilité estudiantine internationale a commencé dans les années 1990. Depuis cette époque, le nombre d’étudiants inscrits dans des établissements à l’étranger a explosé. Il était de 2 millions en 1998, passant à 5,6 millions en 2018. Et ces chiffres continuent d’augmenter.
Selon Campus France, 6,4 millions d’étudiants en mobilité internationale ont fréquenté des universités étrangères en 2021. L’UNESCO prévoit qu’il y en aura 9 millions d’ici 2027. Ces données montrent une tendance à la hausse de l’immigration estudiantine dans le monde entier.
Les étudiants d’Afrique subsaharienne en forte croissance
Les étudiants originaires d’Afrique sont de plus en plus nombreux. En 2018, un étudiant sur dix dans le monde venait de ce continent. Le taux de mobilité en Afrique est estimé à 4,6%, soit le double de la moyenne mondiale de 2,4%.
L’UNESCO précise qu’un quart des étudiants africains en mobilité internationale viennent de pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Le reste provient du Cameroun, du Nigéria, du Zimbabwe et du Kenya. Ces pays dominent à eux seuls la moitié de la mobilité estudiantine sur le continent africain.
La France, en tant que sixième pays au monde pour l’accueil d’étudiants étrangers en 2020, reste la principale destination des étudiants africains. En 2021-2022, la France a accueilli environ 92 000 étudiants subsahariens, soit 14% des étudiants de cette région et 23% du total des étudiants étrangers présents sur son sol. Entre 2022 et 2023, la France a reçu 412 027 étudiants venant de 25 pays, dont 11 pays africains.
Le Maroc est en tête, avec 45 162 étudiants, représentant 11% de la population estudiantine étrangère en France. Ensuite viennent l’Algérie avec 32 147 étudiants, le Sénégal avec 15 251, la Tunisie avec 14 291, la Côte d’Ivoire avec 10 691, le Cameroun avec 9 767, le Congo avec 7 483, le Bénin avec 5 667, le Gabon avec 5 665 et Madagascar avec 5 061.
Les raisons de l’immigration estudiantine en France
Plusieurs facteurs expliquent cette forte immigration estudiantine. Le principal est la quête de formations de qualité. Dans de nombreux pays africains, comme le Cameroun, les universités sont ouvertes à tous, ce qui entraîne une surpopulation dans les amphithéâtres. Cela limite les chances d’un apprentissage optimal.
« À l’université de Yaoundé I, par exemple, on se retrouve parfois à suivre des cours assis par terre, dans des conditions peu propices à la réussite », explique un étudiant. Le manque de confort et le faible nombre d’enseignants rendent difficile la gestion des préoccupations des étudiants.
Un autre facteur important est le désir d’acquérir une expertise à l’international. Beaucoup de jeunes Africains pensent que des études à l’étranger leur conféreront davantage de prestige à leur retour. Certains estiment que cela leur ouvrira aussi des opportunités d’emploi, soit dans leur pays d’origine, soit à l’international.
Ces jeunes préfèrent également étudier dans des pays développés, où les universités offrent des laboratoires modernes, des bibliothèques bien équipées et un environnement propice à leur développement académique.
Ainsi, l’immigration estudiantine représente un enjeu majeur pour l’Afrique, en particulier pour ceux qui choisissent de poursuivre leurs études en France, un pays qui demeure une destination privilégiée pour les étudiants africains
Par : Joseph Julien Ondoua Owona