Le peuple Beti, avec ses racines profondément ancrées au Cameroun et au Gabon, est une illustration éclatante de la diversité culturelle et historique de l’Afrique centrale. Ce groupe ethnique, riche en traditions et en histoire, mérite une attention particulière pour comprendre son évolution et son impact sur la région.
Les Ancêtres et la Formation des Clans
Selon la tradition orale, les Beti descendent de Nanga, un ancêtre albinos vénéré. Nanga, connu sous le nom de Nanga kôn chez les Bulus, a engendré plusieurs enfants, donnant naissance à divers sous-groupes Beti. Parmi eux, on trouve Kolo Beti, Etôn Beti, Mvele Beti (les Bassas), Mvân Beti, Meka Beti (les Makas), Bulu, la seule fille, et Ntumu, le benjamin. Bien que les Bulus soient souvent considérés comme des Beti, ils sont en fait des « Ban Ngôn Béti » – des neveux du Beti originel.
Composition et Distribution
Le peuple Beti comprend les Etôns, les Ewondos, les Benes, les Bulus, les Manguissas, et les Ntémés. Le terme « Beti » dérive de « nti, » qui signifie seigneur, reflétant ainsi une société de seigneurs. Au Cameroun, les Betis sont principalement situés dans la région du Mbam, bien que leur dispersion actuelle couvre tout le pays, en raison de la modernité
Migration et Légendes
Une légende célèbre raconte que les Beti ont traversé la rivière Sanaga à la fin du XVIIIe siècle sur le dos d’un serpent-boa totem, Ngan-medza, pour fuir Ousman dan Fodio, un chef musulman venu islamiser les peuples animistes. Cette traversée nocturne a laissé quelques Beti de l’autre côté de la Sanaga, expliquant leur présence persistante autour de la région du Mbam.
Vie Sociale et Coutumes
Les Beti ont une société égalitaire où tous les hommes sont considérés comme égaux. Historiquement, il n’y avait pas de chef politique, mais un chef spirituel, le Zomloa (pour les hommes) ou l’Asouzoa (pour les femmes). La hiérarchie résultait des prestations individuelles entre clans, à travers des rites comme le Bilabi, un concours de danse et d’adresse.
Noms et Identité
Le nom est d’une grande importance, comprenant le patronyme, le nom du père (ou de la mère dans les foyers polygames), et un nom d’appel tiré de la nature. Cette tradition reflète leur respect pour les ancêtres et leur connexion avec la nature.
Spiritualité et Religion
Avant l’arrivée des Européens, ils étaient monothéistes, vénérant Zamba « Ntondobe, » le créateur de l’humanité. Ils croyaient également en l’existence de génies et rendaient hommage aux ancêtres sans les considérer comme des dieux. L’arrivée des missionnaires chrétiens à la fin du XIXe siècle a profondément influencé leurs croyances, les Beti devenant majoritairement catholiques et protestants.
Rites Traditionnels
Les rites traditionnels des Beti incluent le Tsogo (rite de purification), le mariage coutumier (aluk), et la danse funéraire Isani. Ces pratiques témoignent de leur riche patrimoine culturel et de leur profond respect pour les traditions ancestrales.
Gastronomie
La cuisine est variée, intégrant des aliments comme l’Okok (feuilles de Gnetum avec beurre de cacahuètes et jus de noix de palme), le Kpem (feuilles de manioc), et le Sangha (épinards, maïs, et jus de noix de palme). Le manioc, la banane plantain, et le macabo sont des éléments de base, enrichis par les plantes importées et les échanges interethniques. Le vin de palme, le vin de bambou, et l’Odontol (liqueur de maïs et vin de palme) sont des boissons traditionnelles appréciées.
L’histoire et les traditions de ce peuple sont un témoignage vibrant de la richesse culturelle de l’Afrique centrale. Leur parcours, marqué par des migrations, des légendes, et une profonde spiritualité, continue d’influencer leur vie quotidienne et leur identité. En explorant leur héritage, nous honorons une partie essentielle du patrimoine africain et reconnaissons la diversité qui enrichit notre compréhension de l’histoire humaine.