Aminatou, aussi appelée Amina, a vécu au 16ème siècle dans les Cités-États Haoussa, situées au nord-est de l’actuel Nigeria. Cette région regroupait plusieurs États puissants : Biram, Daoura, Katsina, Zazzaou (ou Zaria), Kano, Rano et Gobir. Ensemble, ils contrôlaient une partie importante du commerce d’Afrique sub-saharienne.
Fille du roi Magajiya Bakwa Turunku, Aminatou grandit à Zazzaou. Contrairement aux jeunes filles de son âge, elle se passionne pour l’art de la guerre. Elle passe des heures à s’entraîner avec les soldats du royaume. Son père favorise la prospérité du pays, en menant quelques expéditions militaires à but commercial. Durant cette période de paix, Aminatou forge son caractère et ses talents de guerrière.
De princesse à reine : une ascension naturelle
En 1566, à la mort de son père, son frère Karama monte sur le trône, conformément à la tradition haoussa. Cependant, il meurt subitement après une dizaine d’années de règne. Aminatou, déjà célèbre pour ses talents militaires, devient la 24ème heba (dirigeante) de Zazzaou sans contestation. Le peuple et l’armée la soutiennent immédiatement.
Dès son accession au pouvoir, Aminatou lance une première campagne militaire. Pendant trois mois, elle mène ses troupes pour agrandir le territoire du royaume. Cette expédition marque le début d’une série de conquêtes impressionnantes.
Les campagnes militaires d’Amina
Aminatou ne se contente pas de défendre Zazzaou. Son objectif est clair : étendre son influence sur toute la région. Selon les Chroniques de Kano, citées par l’historien P.J.M. McEwan, Aminatou conquiert les villes du nord autour de Kwararafa et celles du sud jusqu’à Nupe. Elle prend aussi le contrôle de Kasashen Baouchi et sécurise les routes commerciales reliant le Soudan occidental à l’Égypte. Elle pousse même ses troupes jusqu’au nord du Mali.
Les remparts d’Aminatou : un héritage encore visible
Pour protéger ses nouvelles conquêtes, Aminatou ordonne la construction de fortifications autour des villes stratégiques. Ces murs, connus sous le nom de “Ganuwar Aminatou”, symbolisent sa puissance militaire. Certains de ces remparts existent encore aujourd’hui et font partie du patrimoine architectural haoussa.
Une souveraine libre et indépendante
La légende raconte qu’Aminatou refuse de se marier ou d’avoir des enfants. Cependant, après chaque conquête, elle passe la nuit avec un homme de son choix. Au matin, cet homme est exécuté pour éviter qu’il ne se vante d’avoir partagé son intimité. Ce choix radical renforce son image de femme libre et redoutée.
Aminatou vue à travers les yeux de Lami
L’ouvrage “Gifts For Queen Amina” de Lyn Reese, inspiré des Chroniques de Kano, nous offre une scène mémorable où Lami, un jeune homme, découvre la reine au palais. Il raconte :
“La salle du trône était bondée. Lami et Marka s’assirent près du trompettiste, attendant l’arrivée de la Reine. Un chanteur entonna des louanges retraçant ses exploits militaires. Les tambours royaux résonnèrent. Enfin, les deux gardes personnels d’Aminatou apparurent. La foule se prosterna quand la Reine entra.”
“Lami, du coin de l’œil, observa la souveraine. Il la trouva d’une grande beauté. Grande et imposante, sa peau noire lui rappelait celle de sa mère. Elle portait une robe en soie jaune et marron, un collier en or et corail, et des bijoux en cuivre. Sa coiffure, ornée d’un tissu doré, était la plus belle qu’il ait jamais vue.”
Une légende toujours vivante au Nigeria
Aminatou Zazzaou reste une figure légendaire dans la mémoire collective nigériane. Surnommée “la Reine Guerrière des Haoussa”, elle inspire encore aujourd’hui les artistes et les conteurs. D’ailleurs, son histoire aurait inspiré la célèbre série télévisée Xena, la Guerrière.
De nombreuses générations de Nigérians se souviennent de la chanson populaire qui dit : “AMINATU, YAR BAKWA TA SAN RANA”, ce qui signifie “Aminatou, fille de Nikatau, femme aussi capable qu’un homme”.u fille de Nikatau, femme aussi capable qu’un homme“.