Des plus photographiées, aux moins connues, la peinture corporelle est un art ancestral des peuples à travers le monde. Signes d’appartenance et moyens de communication. En Afrique, nous retrouvons cet esthétique et cette technique de communication dans différentes tribus.
1) La peinturea corporelle ches les Wodaabe
Les Wodaabe sont les plus connus des peuples d’Afrique à pratiquer la peinture corporelle. Sous-groupe du peuple Peul, ce sont des éleveurs nomades pour la plupart, ils sont des bororos du Niger, du Tchad, du Nigeria, du Cameroun et de Centre-Afrique. Ils organisent le festival Geewerol annuel pour une durée de 6 jours aux portes du dessert D’Agadez au Maroc.
Chaque clan familial est représenté par ses plus beaux danseurs qui s’affronte dans un concours de beauté pour hommes dont le jury est constitué par les plus belles filles de la tribu.
Le danseur devra se farder longtemps. Il étalera sur son visage du beurre mélangé à de l’ocre (en général de couleur rouge ou jaune, couleur de puissance et de force, ou de bonheur, thèmes importants dans leurs danses guerrières). Quelques motifs géométriques sont ajoutés pour certains sur les joues, de couleurs blanches en général.
2) Les peuples de la vallée de l’Omo en Éthiopie
Cette région porte le titre de « Berceau de l’humanité. On ne dénombre pas moins de 80 ethnies vivant sur ce territoire : Dorzé, Konso, Mursis, Turkana, Nyangatom, Dassanetch, Surmas, Bume, Galeba, Karos, Tsemï, Hamers, Hamar, Arboré, Dassanechs, Bérber, Bana, Bodis, Tsemaï…
Longtemps isolées du reste du monde, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que cette région reculée a pu être explorée, et donc les peuples de l’Omo sont considérés comme primitifs par le gouvernement d’Addis-Abeba, car ils n’ont jamais eu de contact avec l’extérieur, vivent de l’élevage du bétail et ont gardé leurs coutumes et leurs modes de vie ancestraux.
Dans l’ethnie des Karos qui est considérée comme la plus petite des tribus d’Ethiopie, les peintures appliquées sur le corps ont une signification sociale distincte chez les hommes et les femmes.
Les dessins corporels chez la femme est une expression de beauté et de séduction. Un signe de maturité, une allusion sur leur capacité à procréer et à gérer un foyer. Chez les hommes, c’est un moyen d’impressionner l’ennemi, de gagner en prestance.
Il arrive que les enfants aussi peignent leur peau pour informer de leur appartenance à la tribu.
3) Tribu Nouba ou Nuba du Soudan et la peinture corporelle
C’est une tribu mystérieuse, où l’on connaît le moins de détails, sur leurs habitudes, leurs traditions. Il n’existe pas de témoignages plus complets sur ce peuple que celui de Leni Riefenstahl. De 1962 à 1977, Leni Riefenstahl actrice, photographe et productrice allemande, avait vécu comme la première femme blanche avec une autorisation spéciale délivrée par le gouvernement soudanais dans les vallées reculées du Soudan central parmi les mystérieuses tribus Nouba.
Elle y a étudié leur mode de vie et l’a enregistré sur film dans des images tellement magnifique pour l’éternité. A voir : film témoignage des nubas de Leni Riefenstahl
En particulier, parce que les progrès de la civilisation font que le mode de vie des Nuba approche de sa fin irréversible et donne à ces documents illustrés une importance anthropologique, ethnologique et historico-culturelle unique. Ils utilisent les peintures corporelles et faciales lors des cérémonies vouées au culte de la beauté hommes et femmes.
Le terme Nouba désigne, en réalité, non pas une ethnie mais plusieurs dizaines (entre 50 à 80) de groupes ethniques distincts vivant dans les monts Nouba aux Kordofan du Sud du Soudan.
4) La peinture corporellees chez les Dan et les Agni de Côte d’Ivoire
Ils font partie du groupement mandingue d’origine tchadienne selon certains historiens. Ils ont un grand sens artistique. Les Dan sont également appelés plus communément les Yacouba. Ils vivent toujours dans la région de Man, Danané.
Les peintures au kaolin des Dan comprennent :
– des motifs de pilons géométriques, de feuilles de palmier ou de feuilles d’arbre déchirées sur le visage avec un corps tacheté (danse de réjouissance dans la ville de Man).
– des motifs de ronds faits à l’aide de la base d’une bouteille sur le visage et la poitrine (danse de réjouissance Ynagbah dans le village de Guilzéreu)
Les Agnis de Côte d’Ivoire viennent du royaume Ashanti du Ghana. Les premiers Agnis traversent la frontière ivoirienne avec un autre peuple d’Akans. À la lagune Aby, ils y fondèrent leurs royaumes
De nos jours, 11 % des Agnis vivent à Abengourou, ville centrale de l’ancien royaume de l’Indénié. Le reste du peuple Agni est réparti dans les régions de l’Est, Nord-est, et une minorité au Ghana.
Les peintures au kaolin des Agnis comprennent :
– la peinture du visage, du corps et des paumes (cortège de Komian dans la ville Agnibilékrou
– la peinture du visage seule qui serait un rituel de purification d’un lieu de culte, , village d’Anuassué.
5) La peinture corporelle chez les pygmées Mbuti du Congo
Ce sont à l’origine des peuples de chasseurs-cueilleurs nomades, adaptés à la Certains émettent l’hypothèse que leur petite taille (1,40 à 1,50 m à l’âge adulte) est liée à une adaptation à leur environnement.
Ils utilisent le Kaolin qui est Indispensable, pour un usage esthétique dans le maquillage ordinaire ou comme cosmétique dans le rite sacré des jumeaux et les géniteurs gémellipares par les prêtres initiateurs.
Au kaolin, ils ajoutent une poudre rouge obtenue en frottant deux gros copeaux de bois rouge. Cette cellulose est fabriquée par une vieille femme gémellipare, ménopausée et n’entretenant plus des rapports sexuels avec les hommes car elle doit être chaste et pure.
6) Les Makondé
Ils sont présents dans le sud-est de la Tanzanie et au nord du Mozambique. On les trouve également au Kenya.

Makonde – Tanzania
Lors des ceremonies liées à la fertilité, les makondé pratiquent l’art de la peinture. Cet art de la peinture faciale est associé aux différents ornements de la cérémonie pour ne faire qu’un tout.
Pour eux La première femme fût une œuvre d’art sculpturale. Voilà la légende :
« …Il y a bien longtemps, dans un lieu de la vallée de la Ruvuma, se trouvait un homme. Comme il s’ennuyait, ce jour-là, il prit un morceau de bois et sculpta un autre être semblable à lui. Le soir venu, l’homme planta ce bois sculpté à l’endroit où il avait décidé de passer la nuit. Le lendemain matin, en s’éveillant, il s’aperçut que la statue vivait, et que c’était une femme.
La vie du bois était entrée dans le corps de la femme et marquait pour toujours le caractère matrilinéaire de cette tribu.
Au bord de l’eau, la femme mit au monde un enfant mort-né. Alors, ils fuirent tous les deux cette vallée pour se réfugier sur les plateaux arides. Là, la femme accoucha de beaucoup d’enfants.
De cet ancêtre, père de la tribu et de cette femme qui en fut la mère, les Makondes ont reçu les lois coutumières qui les gouvernent : lois de l’expérience, respect de la femme et tradition de la sculpture en bois d’ébène qui donna naissance à un être source de vie. »
7) La peinture corporelle chez les Massaî
Les massaÏs sont une ethnie de personnes semi-nomades au Kenya et la Tanzanie du nord.
Les différents rites du jeune Massai, ‘’moran’’, l’amenant à devenir un ‘’homme guerrier’’ débutent normalement par le rituel de la circoncision entre les âges de 10 à 17 ans, selon le cycle de 7 ans. Le processus de guérison prendra 3-4 mois et les garçons doivent rester en tissus noirs pendant une période de 4-8 mois
Après la guérison, ils sont considérés comme de nouvelles personnes et reçoivent le statut de nouveau guerrier. Durant ces rites ils sont recouverts de dessins
8) Les femmes Malgaches
Les Malgaches pratiquent l’art de la peinture depuis des générations, il existe un rituel beauté appelé le Masonjoany.

femme Malgache – Google
Les femmes l’utilisent au quotidien comme une protection solaire. La peinture corporelle a aussi une fonction therapeutique ; pour se protéger des tâches, de l’acné, des rides et des toxines, et pour le côté effet de mode et artistique, on applique le masque sous forme de dessins de pétales, fleurs.
Il se fabrique encore pour la plupart avec la bonne vieille méthode : frotter une branche de santal (ou aujourd’hui des branches d’autres plantes endémiques à vertus médicinales, sur une pierre corail préalablement mouillée.
De nos jours, l’art de la peinture corporelle semble perdre son coté traditionnel. L’attraction touristique a la rend mercantile et les peuples s’en servent comme moyen de subsistance.
Sources
Lien : Noubas une mémoire africaine
Pour en savoir plus je vous conseille ce bel article sur le sujet https:/Laurent Moreau